La formation et l'exercice des chirurgiens-dentistes en France suivent un cadre strict, avec un cursus de 6 ans et différentes spécialisations possibles. Cette profession médicale, qui compte 40 000 praticiens, évolue pour répondre aux besoins de santé bucco-dentaire de la population française, avec des disparités territoriales importantes. Bon à savoir90% des chirurgiens-dentistes exercent en libéral et 10% sont salariés, avec une répartition inégale sur le territoire : forte concentration en Île-de-France et en Provence, mais manque de praticiens dans le Nord et les zones rurales.

Formation initiale et spécialisations

Formation initiale et spécialisations

La formation des chirurgiens-dentistes en France suit un parcours universitaire rigoureux encadré par les facultés d'odontologie. Cette formation médicale de haut niveau prépare les futurs praticiens aux différents aspects des soins dentaires, de la prévention aux interventions chirurgicales complexes.

Formation initiale en odontologie

Les études de chirurgie dentaire débutent par une première année commune aux études de santé (PASS) ou un parcours spécifique accès santé (L.AS). La réussite aux épreuves permet d'accéder au cursus d'odontologie qui se déroule sur 5 années supplémentaires. La formation théorique et pratique est dispensée dans les 16 centres de soins dentaires universitaires répartis sur le territoire national. Les étudiants alternent entre enseignements fondamentaux et stages cliniques obligatoires dès la 4ème année.

Diplôme d'État de docteur en chirurgie dentaire

Le diplôme d'État de docteur en chirurgie dentaire, obtenu après 6 années d'études et la soutenance d'une thèse d'exercice, permet l'inscription au tableau de l'Ordre et l'exercice de la profession. Les praticiens portent alors le titre de "chirurgien-dentiste diplômé de la faculté de médecine".

Spécialisations post-diplôme

Trois spécialisations sont accessibles via l'internat qualifiant en odontologie :

  • L'orthodontie (3 ans) : traitement des malpositions dentaires
  • La chirurgie orale (4 ans) : interventions chirurgicales complexes
  • La médecine bucco-dentaire (3 ans) : prise en charge des patients à besoins spécifiques

En 2017, l'internat qualifiant proposait 53 places en orthodontie et 15 places réparties entre chirurgie orale et médecine bucco-dentaire. Les internes effectuent leur formation dans les centres hospitalo-universitaires sous la supervision d'enseignants-chercheurs. La validation du diplôme d'études spécialisées (DES) permet l'exercice exclusif de la spécialité choisie.

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Modes d'exercice professionnel

Modes d'exercice professionnel

L'exercice de la profession de chirurgien-dentiste en France se caractérise par une répartition territoriale inégale des 40 000 praticiens recensés en 2025. Les modes d'exercice professionnel reflètent une forte préférence pour l'activité libérale, bien que le salariat attire de plus en plus les jeunes diplômés.

Répartition des modes d'exercice

90% des chirurgiens-dentistes exercent en libéral, soit de manière exclusive, soit en combinaison avec une activité salariée. L'exercice libéral s'effectue en cabinet individuel ou en association, nécessitant un investissement financier initial moyen de 250 000 € pour une création de cabinet, incluant le matériel, l'aménagement et le fonds de roulement. Les 10% restants pratiquent en tant que salariés dans différentes structures : hôpitaux publics, centres de soins mutualistes, service de santé des armées.

Disparités géographiques

La densité des chirurgiens-dentistes varie considérablement selon les régions. Les départements du Nord et les zones rurales présentent un déficit marqué de praticiens, avec moins de 40 chirurgiens-dentistes pour 100 000 habitants. À l'inverse, l'Île-de-France et la région Provence-Alpes-Côte d'Azur affichent une forte concentration, dépassant 80 praticiens pour 100 000 habitants, rendant l'installation plus complexe pour les nouveaux diplômés.

Exercice mixte et collaborations

L'exercice mixte, combinant activité libérale et salariat, séduit particulièrement les praticiens. Cette configuration permet de diversifier l'activité professionnelle tout en limitant les risques financiers. Les collaborations entre chirurgiens-dentistes se développent également sous forme de sociétés d'exercice libéral (SEL) ou de sociétés civiles professionnelles (SCP), permettant de mutualiser les investissements et les charges.

Évolution des structures d'exercice

Les centres dentaires, structures salariées, connaissent une progression notable depuis 2020. Ces établissements répondent aux besoins des jeunes praticiens souhaitant exercer sans engagement financier immédiat. Les maisons de santé pluriprofessionnelles intègrent également des chirurgiens-dentistes, favorisant une prise en charge coordonnée des patients.

Cadre juridique et représentation professionnelle

Cadre juridique et représentation professionnelle

Cadre juridique et représentation professionnelle

L'encadrement juridique de la profession de chirurgien-dentiste en France s'organise autour d'instances représentatives établies par la loi, garantissant la qualité des soins et l'éthique professionnelle.

Organisation ordinale

L'Ordre national des chirurgiens-dentistes, institué par la loi du 24 septembre 1945, structure la profession à trois niveaux : national, régional et départemental. Le Conseil national édicte le code de déontologie et veille à son application. Les conseils départementaux assurent l'inscription au tableau de l'Ordre, condition indispensable pour exercer, et gèrent les contentieux entre praticiens ou avec les patients. En 2024, 42 873 praticiens sont inscrits au tableau de l'Ordre.

Cadre légal d'exercice

L'article L.4141-3 du code de la santé publique définit précisément le périmètre d'intervention du chirurgien-dentiste : diagnostic, prévention et traitement des maladies de la bouche, des dents et des maxillaires. La directive européenne 2005/36/CE reconnaît le statut autonome du praticien de l'art dentaire, distinct du médecin, avec des compétences spécifiques en odontologie.

Sécurité des praticiens

La convention nationale signée avec l'Assurance Maladie intègre depuis 2023 le module SIP (Sécurité Information Praticien) qui renforce la protection des chirurgiens-dentistes face aux risques professionnels. Ce dispositif prévoit notamment :

  • Un système d'alerte en cas d'agression
  • Une assistance juridique dédiée
  • Un accompagnement psychologique si nécessaire

Représentation intellectuelle

L'Académie nationale de chirurgie dentaire, fondée en 1956, rassemble les personnalités éminentes de la profession. Elle participe à la diffusion des connaissances scientifiques et techniques, délivre des prix et récompenses, et conseille les pouvoirs publics sur les questions de santé bucco-dentaire. Ses 60 membres titulaires sont élus par leurs pairs.

Évolutions historiques de la profession

Évolutions historiques de la profession

Évolutions historiques de la profession

L'histoire de la profession dentaire en France marque un tournant décisif en 1728, année où la première encyclopédie médicale consacrée à l'art dentaire voit le jour.

Les fondements historiques de la dentisterie française

En 1728, le terme "chirurgien-dentiste" fait son apparition dans la littérature française avec l'ouvrage "Le chirurgien-dentiste ou Traité des dents". Cette publication constitue la première encyclopédie médicale intégralement dédiée à la dentisterie. Le mot "dentiste" apparaît quant à lui en 1735 dans le vocabulaire français.

L'institutionnalisation de la formation

Les lettres-patentes du 10 mai 1768 instaurent les premiers examens officiels à l'Abbaye de Saint-Côme pour les maîtres experts des dents. Cette réglementation marque le début d'un encadrement formel de la profession. La formation initiale requérait uniquement le certificat d'études primaires pour accéder aux écoles libres de chirurgie et de prothèse dentaire.

Structuration de l'enseignement au XIXe siècle

Les décrets de juillet 1893 et décembre 1894 définissent précisément le cadre de la formation dentaire en France. Ces textes établissent les conditions d'inscription dans les écoles dentaires libres, organisent les modalités de contrôle des connaissances et déterminent le statut légal des établissements d'enseignement.

Organisation des études dentaires

La formation s'étendait sur trois années au sein des écoles dentaires. Les examens finaux se déroulaient en faculté de médecine de Paris, aboutissant au titre de "chirurgien-dentiste diplômé de la faculté de médecine de Paris". Les facultés de médecine conservaient ainsi le contrôle sur la qualité de la formation, bien que l'enseignement soit dispensé dans des structures indépendantes.

La professionnalisation progressive

Cette période marque le passage d'une pratique artisanale à une profession médicale structurée. L'évolution des conditions d'accès aux études et la mise en place d'un cursus standardisé ont permis d'élever progressivement le niveau de compétence des praticiens français.

L'essentiel à retenir sur la profession de chirurgien-dentiste

L'essentiel à retenir sur la profession de chirurgien-dentiste

La profession de chirurgien-dentiste poursuit sa modernisation, notamment avec la mise en place du module SIP pour la sécurité des praticiens. Les évolutions de la formation et des modes d'exercice continuent de s'adapter aux mutations démographiques et aux nouvelles technologies. Le défi majeur reste l'équilibre de la répartition territoriale des praticiens.